Catégorie : Technology

  • La force de la preuve scientifique

    La force de la preuve scientifique

    Je lisais un article sur les « flat earthers » dans Newsweek. Ce sont ces gens qui croient que la terre est plate. Ils peuvent faire sourire, mais à y réfléchir, ni plus ni moins que les anti-vaccins ou les climato-sceptiques, qui ont une tendance à me faire hérisser les poils et grincer les dents.

    Dans tous les cas, il s’agit de personnes qui ne croient pas en la science et à la méthode scientifique, ou s’ils y croient, qui expliquent que la science a parfois tort. En fait, l’article sur ces adorateurs de la terre plate montre admirablement qu’il est n’est pas possible de convaincre ces personnes de la fausseté de leur croyance en leur démontrant la vérité scientifique.

    La première idée intéressante est celle de la force de la preuve et de l’attitude de la science face à cette preuve (qui doit être vérifiée et répliquée pour pouvoir être acceptée comme preuve). L’auteur de l’article rappelle que « les scientifiques se soucient des preuves et sont prêts à changer leur point de vue en fonction de nouvelles preuves ». Ce point est essentiel face à un croyant dogmatique, car ce dernier ne va pas changer de point de vue face à une preuve qui remet en cause sa croyance. Il va juste chercher à écarter sa preuve pour mettre la sienne à la place. Cette dernière n’était généralement pas très scientifique (elle n’a pas été vérifiée ni répliquée, et est généralement très empirique).

    clear glass bulb on human palm

    Suit, vers la fin de l’article, l’autre idée fondamentale : « dans le raisonnement scientifique, il y a toujours une chance que votre théorie soit fausse. Ce qui sépare les négationnistes de la science des scientifiques réels, c’est la rigueur avec laquelle ils poursuivent cette possibilité ». La rigueur est un point essentiel de la méthode scientifique, là où l’anecdote, la petite histoire et le fait invérifiable (et donc contestable) sont les lieux communs des négationnistes, anti-vaccins ou climato-sceptiques.

    Pour finir, me viennent deux pensées. La première est issue de la question à poser à tout sceptique et/ou négationniste : « que faudrait-il pour vous convaincre que vous aviez tort? » Tout sceptique sera pris en défaut car il cherchera à éviter d’avoir tort et fuira la question d’une façon ou d’une autre. L’autre est l’urgence de l’enseignement de la méthode scientifique à l’école. En expliquant comment un fait est prouvé, puis potentiellement contesté, de manière scientifique, on réduira de façon conséquente les erreurs, les atermoiements et les croyances absurdes. En attendant, il est urgentissime que ceci soit appris et appliqué par toutes les rédactions et journalistes du monde.

    La science a toujours raison car elle accepte d’avoir tort, à condition de le prouver, c’est en cela qu’elle est infiniment supérieure à toutes les croyances sans substance ! Non pas qu’il ne faille pas croire ou philosopher, mais comme le disait Descartes, un être qui pense est un être qui doute…

    Photo par AJ Colores, Rohan Makhecha sur Unsplash

  • Atomic Data

    Atomic Data

    We often hear that data is the new oil. The implication is that they are the fuel of the economy. But, as Bernard Marr pointed out in a Forbes article, oil is a resource that is finite, unlike data, but above all, the more we use the data, the more we discover its usefulness and we can reuse it infinitely. Oil and data are therefore not equivalent, and the shortcut used until then does not reflect reality. On reflection, the data would behave more like the Atom. I put a capital A, to distinguish the atom that constitutes all matter, from the Atom in the sense of nuclear energy. Indeed, nuclear energy and data have four identical intrinsic characteristics:

    • They’re infinite
    • They can be used as energy
    • They are relatively eco-friendly
    • They have the power to destroy us

    Almost infinite sources

    Plutonium has a radioactive period (half-life) of about 357,000 years! Uranium of 703 million years! Of course, we do not know how to harness their energy during this period, but the fact is that a radioactive isotope emits energy for a very, very long time. We also know how to store this energy and use it when we need it. The data that is collected daily by billions of websites, smartphones, connected objects and computers have the same power. They are stored, exploited and provided information that is used to fuel economic engines.

    We can say that our reserves of uranium, thorium or plutonium are also limited. On the one hand, it remains today about 5 million tons of extractable and usable uranium, on the other hand, the technological evolution of its exploitation, make this ore an energy source that will last much, much much longer than oil. Nor is it impossible for science to learn, through data and quantum computers, to control nuclear fusion. We will then have an infinite source of energy this time, on a human scale.

    Almost free energy

    Nuclear power is one of the cheapest energies. Of course, the extraction of ore, its enrichment, its use and-mining are very expensive. But once again, over the life of a power plant, it is the energy that seems, for the moment, to be the most economical. In the future, the use of micro-power plants is likely to influence energy consumption. Nuclear power is set to have a bright future, despite the reservations of many environmentalists.

    Nuclear fission is a natural phenomenon. The cost attached to it is only its exploitation by man. It can also be said that the harvesting and use of data is almost free. Of course, these operations require electrical energy and human effort, but the harvest is done more and more, without it costing anything, but it pays a lot, I will come back to it.

    Ecological energy, quite

    green tree on the forest

    Nuclear power is the greenest energy, since it only releases water into the atmosphere. Of course, its extraction is not the greenest, it is dangerous and its post-use treatment still pose problems. But over its full life cycle, nuclear energy is uncommonly greener than wind or solar. Data, like nuclear power, is a green energy, especially as the many data centers that allow storage and processing are increasingly powered by renewable energy.

    Like nuclear power, however, it is a major consumer of energy over its entire life cycle and its use requires faster and faster networks that are not without effect on the ecological footprint of the Internet. But it is above all in their ability to destroy us that their potential is most identical.

    The destruction of civilization

    If civil nuclear has qualities and risks, as we have seen with Chernobyl, Three Miles Island and Fukushima, military nuclear has the potential to destroy humanity, and life as we know it, in a few seconds. The data collected has a similar power, with an invisible and unexpected twist. With Hiroshima and Nagasaki, we know that some survived the nuclear fire, but that many victims took a long time to die, affected by many diseases triggered by radiation. With the data, we now know that we can change the behavior of individuals. Two examples are Pokémon Go and the Chinese Sesame Credit social behavior assessment system.

    If nuclear power can physically destroy humanity, quickly and slowly, data can, and are in the process, destroy our free will. Georges Orwell wrote in 1984 that » war is peace, freedom is slavery, ignorance is strength. » B.F. Skinner told that freedom was an illusion and the fruit of ignorance. However, we do not see radiation just as we do not see the harvesting, processing and use of the data. Radiation influences the functioning of our bodies and disrupts it, the use of data disrupts the functioning of our free will and our decisions. Data is destroying civilization as we know it, at the economic goodwill of a very small number of players, Facebook, Google, Microsoft, Amazon, Baidu, Tencent, Alibaba, serving purely economic imperatives, and now used by political powers, as in China, to control and monitor peoples.

    The data is Atomic!

    Photo by Dan Meyers, Dhruva Reddy on Unsplash

  • Les données sont Atomiques

    Les données sont Atomiques

    On entend souvent que les données sont le nouveau pétrole. Le sous-entendu est qu’elles sont le carburant de l’économie. Mais, comme le soulignait Bernard Marr dans un article de Forbes, le pétrole est une ressource qui n’est pas infinie, à l’inverse des données, mais surtout, plus on utilise les données, plus on en découvre l’utilité et on peut les réutiliser à l’infini. Pétrole et données ne sont donc pas équivalents et le raccourci utilisé jusqu’alors ne reflète pas la réalité. À y réfléchir, les données se comporteraient plus comme l’Atome. J’y mets un grand A, pour distinguer l’atome qui constitue toute matière, de l’Atome au sens énergie nucléaire. En effet, énergie nucléaire et données possèdent quatre caractéristiques intrinsèques identiques :

    • Elles sont infinies
    • Elles peuvent être utilisées comme énergie
    • Elles sont relativement écologiques
    • Elles ont le pouvoir de nous détruire

    Des sources quasi infinies

    Le plutonium a une période radioactive (demi-vie) d’environ 357 000 ans ! L’uranium de 703 millions d’années ! Certes, on ne sait pas exploiter leur énergie pendant cette durée, mais le fait est qu’un isotope radioactif émet de l’énergie pendant très, très longtemps. On sait aussi stocker cette énergie et l’utiliser quand on en a besoin. Les données qui sont collectées quotidiennement par les milliards de sites web, de smartphones, d’objets connectés et d’ordinateurs ont le même pouvoir. On les stocke, puis on les exploite et elles fournissent des informations qui servent à alimenter des moteurs économiques.

    On peut se dire que nos réserves en uranium, en thorium ou en plutonium sont limitées également. D’une part, il resterait aujourd’hui environ 5 millions de tonnes d’uranium extractibles et utilisables, d’autres parts, l’évolution technologique de son exploitation, font de ce minerai une source d’énergie qui va durer beaucoup, beaucoup plus longtemps que le pétrole. Il n’est pas non plus impossible que la science apprenne, grâce aux données et aux ordinateurs quantiques, à contrôler la fusion nucléaire. Nous disposerons alors d’une source cette fois infinie, à l’échelle de l’homme, d’énergie.

    Une énergie quasi gratuite

    Le nucléaire est une des énergies les moins chères. Certes, l’extraction du minerai, son enrichissement, son utilisation et le démantèlement des installations coûtent très cher. Mais une fois encore, sur la durée de vie d’une centrale, c’est l’énergie qui semble, pour le moment, être la plus économique. Dans le futur, l’utilisation de microcentrales aura sans doute encore un effet sur la consommation d’énergie. Le nucléaire est appelé à un bel avenir, en dépit des réserves de nombreux écolos.

    La fission nucléaire est un phénomène naturel. Le coût qui y est attaché concerne uniquement son exploitation par l’homme. On peut aussi dire que la récolte et l’utilisation des données sont quasi gratuites. Certes, ces opérations nécessitent de l’énergie électrique et des efforts humains, mais la récolte est faite de plus en plus, sans qu’elle ne coûte rien, mais qu’elle rapporte beaucoup, j’y reviendrais.

    Une énergie écologique, ou presque

    green tree on the forest

    Le nucléaire est l’énergie la plus verte qui soi, puisqu’elle ne rejette que de l’eau dans l’atmosphère. Bien évidemment, son extraction n’est pas des plus vertes, elle est dangereuse et son traitement post utilisation posent encore des problèmes. Mais sur son cycle de vie complet, l’énergie nucléaire est sans commune mesure plus verte que l’éolien ou le solaire. Les données, comme le nucléaire, est une énergie verte, d’autant plus que les nombreux centres de données qui en permettent le stockage et le traitement sont de plus en plus alimentés par des énergies renouvelables.

    Comme le nucléaire cependant, elle est une grosse consommatrice d’énergie sur son cycle de vie complet et son utilisation nécessite des réseaux de plus en plus rapides qui ne sont pas sans effet sur l’empreinte écologique d’internet. Mais c’est surtout dans leurs capacités à nous détruire que leur potentiel est le plus identique.

    La destruction de la civilisation en ligne de mire

    Si le nucléaire civil a des qualités et comporte des risques, on l’a vu avec Tchernobyl, Three Miles Island et Fukushima, le nucléaire militaire a le potentiel de détruire l’humanité, et la vie telle qu’on la connaît, en quelques secondes. Les données récoltées ont un pouvoir similaire, avec un twist invisible et inattendu. Avec Hiroshima et Nagasaki, on sait que certains ont survécu au feu nucléaire, mais qu’un grand nombre de victimes ont mis du temps à mourir, affectés par de nombreuses maladies déclenchées par les radiations. Avec les données, on sait maintenant qu’on peut modifier le comportement des individus. Le jeu Pokémon Go et le système chinois Sesame Credit d’évaluation du comportement social en sont deux exemples.

    Si le nucléaire peut détruire physiquement l’humanité, rapidement et aussi à petit feu, les données peuvent, et sont en train, détruire notre libre arbitre. Georges Orwell écrivait dans 1984 que « la guerre, c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force ». BF Skinner disait lui que la liberté était une illusion et le fruit de l’ignorance. Or, on ne voit pas les radiations tout comme on ne voit pas la récolte, le traitement et l’utilisation des données. Les radiations influencent le fonctionnement de notre corps et le dérèglent, l’utilisation des données dérègle le fonctionnement de notre libre arbitre et de nos décisions. Les données sont en train de détruire la civilisation telle que nous la connaissons, au bon vouloir économique d’un tout petit nombre d’acteurs, Facebook, Google, Microsoft, Amazon, Baidu, Tencent, Alibaba, au service d’impératifs purement économiques, et utilisés maintenant par les puissances politiques, comme en Chine, pour contrôler et surveiller les peuples.

    La donnée, c’est Atomique !

    Crédit photo Dan Meyers, Dhruva Reddy sur Unsplash

  • Le hasard n’existe pas

    Le hasard n’existe pas

    Si j’ai écris un autre post portant le même titre, celui-ci n’a pas grand chose à voir… quoi que ! A vous de voir !

    Il y a quelques jours je posais le pied pour la première fois au Népal. Venu pour faire une présentation sur l’application de l’Intelligence Artificielle au marketing et à la publicité, je n’avais pas anticipé l’incroyable rencontre que j’allais faire. A peine arrivé à l’hôtel, la réception de bienvenue à l’évènement m’appelait. Étant un des intervenants, il m’était difficile d’y échapper. J’étais en conversation le directeur général de Daraz, l’Alibaba local (qui venait d’ailleurs d’être racheté par Alibaba), quand nous avons été interrompus. Une personne voulait parler de son expérience avec le site Daraz.

    De fil en aiguille, cette personne, Alnoor, nous présenta un moine tibétain avec lequel il était venu, car habitant chez lui pendant que son monastère était en réparation. Et puis d’internet nous en vîmes à nous présenter et me présentant en tant que Français, Alnoor me demanda si je connaissais Matthieu Ricard. Étant abonné à son blog, je confirmais que oui, je connaissais son nom et son action. Alnoor me proposa de le rencontrer. Rendez-vous était donc pris pour le lendemain matin. Il verrait si la rencontre pourrait avoir lieu.

    Debout avec difficulté en raison du décalage horaire et après quelques messages WhatsApp, je partais en direction de Bodhnat, de l’autre côté de Katmandou où je devais rencontrer Alnoor pour l’accompagner à l’université de Katmandou, pour y suivre un cours sur Buddha-Nature. Je me trouvais un peu décalé, n’ayant pas de base bouddhiste, mais je captais quelques concepts intéressants. Le merveilleux était cependant à venir. A notre sortie de la salle de classe, nous tombons quasiment nez à nez avec Chökyi Nyima Rinpoche, le moine supérieur (on dirait abbé dans la tradition catholique) du monastère de Ka-Nying Shedrub Ling. En évoquant la conférence que j’allais faire le lendemain sur l’Intelligence Artificielle, il m’invite à le rejoindre, avec d’autres, pour discuter de l’IA.

    L’heure et demie qui suivra sera riche d’enseignement et d’échange, autour de l’IA, de ces implications dans la vie des hommes, de l’éthique. Ce moment culminera par le cadeau et la dédicace du livre du Rinpoche, Sadness, Love, Openess. J’aurais l’occasion de revenir sur les détails de la discussion autour de l’IA et du point de vue du Rinpoche. Une chose est certaine cependant, la bienveillance du bouddhisme et la philosophie du respect du vivant peuvent être riches d’enseignements pour l’IA et son éthique. Un merveilleux sujet pour de futurs articles. Namasté !

  • Cloud privé, hybride et public – Le livre !


    Ça y est ! Après 17 ans d’absence des rayons des librairies, mon nouveau livre est disponible. Tout savoir, ou presque, sur les clouds privés, hybrides et publics. Quelques années d’expérience condensées dans quelques centaines de pages pour faire le bon choix et se lancer dans la grande aventure du cloud.

    En support du livre, mon nouveau blog Cloud Hybride fournira des informations supplémentaires sur les technologies du cloud, en particulier son orientation hybride qui semble aujourd’hui être l’architecture qui prévaut et va continuer à prévaloir dans les années à venir.

    Le cloud est très souvent utilisé sans vraiment que l’on s’en rende compte. Cependant, il n’est ni la panacée à tous les défis des entreprises, ni le démon qui ouvre la porte à tous les risques sécuritaires. Dans ce livre qui s’adresse aux dirigeants ou aux directeurs des systèmes d’information, j’apporte un éclairage teinté d’expérience sur les questions et les réponses à apporter pour utiliser le cloud avec succès.

    Bonne lecture !