Il y a un peu plus d’un an, je quittais Microsoft, ou plutôt
Microsoft me quittait. J’aurais l’occasion d’en reparler. Après quelques
semaines de vacances, je déposais les statuts de ma société Aetheis. Le démon
de l’entreprenariat me chatouillait depuis un moment et j’allais enfin pouvoir
remettre à profit mes 10 ans de direction d’EFII, ma précédente société.
Le hasard n’existant pas, je tombais récemment sur cet article : Stuff They Don’t Tell You Should you start a company? S’il s’adresse principalement aux créatifs des agences de pubs, il est plein de bon sens quant à la décision de partir de la société qui vous nourrit et de commencer l’aventure de la création d’entreprise.
Alors, pour illustrer le titre de ce billet, que j’ai sans honte emprunté aux Clash, voici ma version du « et si je créais ma boite ? » On dit souvent que l’entrepreneuriat n’est pas fait pour tout le monde. C’est certain, il faut avoir une certaine dose de folie, les reins un peu solides, beaucoup, beaucoup de persévérance et être prêt à aligner des heures de travail. Alors, si c’est vous, continuons ensemble.
Cash is king
C’est la règle numéro un. Sans trésorerie, tout créateur d’entreprise mettra rapidement « la cabane sur le chien » et la clef sous la porte. Le contrôle des finances est essentiel. Vous avez besoin d’argent pour vivre et vous avez besoin d’argent pour faire tourner la boite. Même quand on part avec un capital confortable, l’argent a tendance à disparaître très vite !
Le but n’est pas de se priver au-delà du raisonnable, mais
de raison garder. Ça veut souvent dire, en tout cas au début, réduire son train
de vie, être frugal, peser ses investissements et toujours faire en sorte que
le compte en banque soit dans le positif. Vous aurez sans doute besoin de votre
banquier un jour ou l’autre. Mieux vaut lui montrer que vous savez gérer vos
sous.
Nul besoin d’être un artiste de la gestion financière. Une de vos premières dépenses devra cependant aller vers un comptable. Choisissez-en un qui a l’habitude des jeunes pousses et écoutez-le (mais pas trop, il faut garder un brin de folie) !
Le client est roi !
Ça fait deux rois dont vous et votre entreprise dépendez : le cash et le client. Ce sont de vos clients que viendra l’argent frais : le plus vite vous facturez vos clients, mieux vous vous porterez. Cela signifie qu’il va falloir consacrer du temps à la prospection et à la vente.
Que vous ayez un business numérique et utilisiez
majoritairement les outils de marketing numériques ou ayez un business plus
traditionnel et deviez aller à la chasse au client importe peu. L’important est
de lever vos fesses et d’aller prospecter. Si vous croyez que parce que vous
êtes génial, les clients vont se précipiter à votre porte, vous vous préparez à
aller de désillusion en désillusion.
Mais vous n’avez jamais rien vendu ! Dommage ! C’est
la compétence numéro un du chef d’entreprise. Second investissement après le
comptable : une formation de vendeur ! Entre vous et moi, la vente, ce
n’est pas difficile, c’est une question de persévérance, chaque Non vous
rapprochant du Oui de votre prochain client. Ceci étant, avec un peu de techniques,
de bagout et de rigueur, vous allez vous en sortir.
Avant que je crée EFII en 1993, un de mes amis, Michel, avait
répondu à ma crainte de la vente en me disant que créer son entreprise c’est
aussi embaucher des collaborateurs qui complèteraient ce que je ne savais pas
bien faire. Il n’avait pas entièrement tort. Cela veut aussi pouvoir dire que
si vous avez un bon copain qui vendrait des réfrigérateurs aux Eskimos, vous
pouvez lui demander des conseils et pourquoi pas l’embaucher ou créer l’entreprise
avec lui. Résultats des courses : ne faites pas l’impasse sur la prospection
et la création de votre pipeline de prospects.
Soyez curieux, faites des choix et restez focalisé(e) !
J’ai généralement au moins une idée de nouveau business par jour. Les opportunités sont toute autour de soi, tous les jours. Toutes les idées ne sont cependant pas bonnes. Intrinsèquement, elles le sont, mais dans la réalité parfois les obstacles sont trop hauts, voire totalement incontournables.
Une idée peut nécessiter trop de cash et vous ne souhaitez
pas mettre en partenaire financier dans l’équation pour le moment. Une autre
peut demander des autorisations administratives qui vont nécessiter des efforts
et du temps. Une autre, enfin, est tellement folle qu’elle risque de ne pas
fonctionner.
Génial ! Notez ces idées dans un classeur numérique ou
papier spécial. Consacrez quinze minutes à écrire les grandes étapes de leurs
réalisations, les obstacles à contourner et le moment où vous pensez y
consacrer un peu de temps, puis oubliez-les, pour le moment !
Vous ne pouvez pas tout faire. Pour revenir à la première
règle, cash is king, votre objectif numéro un est de créer une entreprise qui
gagne de l’argent. Focalisez-vous sur cet objectif avant de développer vos
autres idées. Je sais, c’est frustrant, mais créer une entreprise, c’est affronter
ses frustrations et en faire des forces.
Should you stay or should
you go?
Bon, mais en quoi cela diffère-t-il d’un job à responsabilité dans une grande entreprise ? Cela tient en un seul mot : contrôle ! À la tête de votre propre entreprise, vous avez le contrôle. Dans l’entreprise de quelqu’un d’autre, même à un poste à responsabilité ou même à sa tête, vous n’avez qu’un contrôle limité.
Au final, si dépendre d’autrui ne vous importe pas, alors l’entrepreneuriat n’est sans doute pas fait pour vous. Être entrepreneur c’est avoir le contrôle de sa vie. Question de choix !
Photos Mohamed Nohassi, Sharon McCutcheon, Mario Gogh, Michael Dziedzic sur Unsplash