Prisonniers de nos cerveaux tribaux

Voici une vérité dérangeante : vous êtes programmé pour haïr.

Pas par méchanceté. Par biologie.

Il y a 50 000 ans, distinguer rapidement « nous » des « autres » était une question de vie ou de mort. Votre ancêtre qui hésitait à juger l’étranger ? Il s’est fait bouffer par un lion pendant qu’il philosophait.

Résultat : notre cerveau traite l’altérité en 50 millisecondes. Avant même que la raison intervienne, l’amygdale a déjà décrété : ami ou menace.

Robert Sapolsky, dans Behave, décrit cette mécanique implacable. Pire : l’ocytocine, cette hormone qu’on associe à l’amour et à la confiance, a un effet pervers. Elle renforce les liens internes au groupe… en augmentant la méfiance envers les externes. Autrement dit, aimer « les nôtres » implique souvent de craindre « les autres ».

C’était utile pour survivre dans la savane. Aujourd’hui, c’est une catastrophe.

Pourquoi ? Parce que ce câblage tribal est exploité. Les algorithmes des réseaux sociaux l’ont compris : montrez à quelqu’un un ennemi, et il cliquera. Les médias aussi : la peur vend mieux que la nuance. Les politiciens aussi : rien ne mobilise mieux qu’un bouc émissaire.

Comme l’écrit Sapolsky : « Nous sommes des primates avec des armes nucléaires et des boutons Twitter. »

Alors oui, nous sommes prisonniers de nos cerveaux. Mais voilà le truc : savoir qu’on est piégé, c’est déjà commencer à s’en libérer.

La curiosité scientifique, l’honnêteté intellectuelle, le doute — ce sont nos armes contre la manipulation tribale.

Et vous, qu’est-ce qui active votre amygdale ?


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