L’intuition : ce super-pouvoir que l’IA n’aura jamais

J’ai un ami chirurgien qui m’a raconté cette histoire : en pleine opération de routine, il a senti que quelque chose n’allait pas. Rien dans les moniteurs, rien d’anormal sur le plan technique. Juste… un malaise. Il a creusé, insisté, et découvert une complication rare qui aurait pu être fatale à son patient.

L’intuition.

Ce n’est pas de la magie. C’est ce que les scientifiques appellent « l’intuition experte » : des années d’expérience compressées en un éclair de reconnaissance. Daniel Kahneman, dans son magistral « Thinking, Fast and Slow », explique que notre cerveau possède deux systèmes : le Système 1 (rapide, intuitif, émotionnel) et le Système 2 (lent, analytique, rationnel).

L’IA ? Elle n’a qu’un Système 2 sur-dopé. Elle analyse, calcule, optimise. Mais elle ne « sent » rien.

Nassim Nicholas Taleb enfonce le clou : dans son concept d’antifragilité, il démontre que face à l’incertitude radicale, face aux événements improbables (les fameux « cygnes noirs »), l’intuition humaine surpasse tous les modèles prédictifs. Pourquoi ? Parce qu’elle intègre ce que les données ne peuvent pas : l’expérience du chaos, la mémoire du corps, les signaux faibles imperceptibles.

Un algorithme vous dira : « basé sur 10 millions de cas similaires, la probabilité est de 0,001% ». Votre intuition vous dira : « cette fois, c’est différent ».

Et souvent, elle aura raison.

Parce que l’intuition humaine n’est pas irrationnelle. Elle est supra-rationnelle : elle intègre des variables que nous ne savons même pas nommer.

L’IA optimise ce qui est mesurable. L’humain navigue ce qui est essentiel.

Je ne dis pas qu’il faut ignorer les données. Je dis qu’il faut aussi savoir les ignorer quand votre expérience vous crie de le faire.

C’est ça, l’intelligence véritable.


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