Réussir sa vie – Règle numéro 1 : Débranchez vos écrans

La télévision n’est pas le reflet de ceux qui la font, mais de ceux qui la regardent – Françoise Giroud

L’anéantissement du temps

Un mercredi après-midi de printemps, je devais avoir dans les douze ans, alors que je venais de rentrer l’école, le téléphone sonna. C’était un de mes bons copains. Rencontré il y avait quelques mois sur les allées du jardin du Trocadero, nous étions, comme beaucoup d’enfants à l’époque, devenus dingues de skateboard. Cette petite planche à quatre roulettes montées sur silent-blocks occupait tout ou presque de mes loisirs. Après avoir discuté de la dernière planche et des améliorations que nous avions apportées aux nôtres, rendez-vous était pris au kiosque du Troca, comme on l’appelait, vers deux heures et demi.

En comptant une vingtaine de minutes pour y arriver depuis chez moi, cela me faisait partir vers deux heures dix, deux heures quinze au plus tard. Un coup d’œil à ma montre, j’avais une toute petite heure avant de me mettre en route. J’allais donc pouvoir profiter quelques instants de cette lucarne magique qu’était la télévision en couleur.

Il y avait en effet peu de temps que mes parents avaient changé le vieux poste noir et blanc pour une télévision en couleur. Un pur bonheur pour le petit garçon que j’étais alors. Ni une, ni deux, après avoir jeter mon cartable dans ma chambre et préparer mon skate, j’allume la télé et me cale dans le canapé. Le générique des Visiteurs du mercredi défile alors sur l’écran. Et c’est alors, pour faire court, que la magie de cette lucarne électronique opère. Projetant des images fascinantes pour un esprit vierge, elle me divertit, me fait rire et m’en fait oublier l’heure. Je regarde l’heure, il est plus de trois heures ! Je n’ai pas vu passer le temps. J’éteins la télé, presque à regret, il y a en effet encore plus de deux heures d’émission, attrape mon skate et file dare-dare au Troca. Bien évidemment, mon copain n’est pas au kiosque. S’il est venu, ce que je crois, il ne m’a pas attendu, a dû profiter des pentes du Troca tout seul puis s’en est retourné.

Cette histoire vraie, près de quarante ans plus tard, est toujours présente à ma mémoire comme l’effet délétère de la télévision. Certes, elle avait occupée et allait encore occuper dans les années qui suivront de nombreuses soirées solitaires ou en famille, mais elle m’avait fait rater un rendez-vous et, cette fois-ci, perdre un ami, qui m’en avait voulu de l’avoir fait poireauté. Notre amitié de jeunesse ne s’en est d’ailleurs jamais remise. C’est certainement pourquoi cette histoire est encore bien présente à ma mémoire et c’est certainement pourquoi aujourd’hui je me méfie au plus haut point de la puissance de la télévision.

Le retour du pouvoir

Je trouve que la télévision est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu’un l’allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis. – Groucho Marx

La télévision est l’opium du peuple, et l’internet est devenu son plus grand asservissement. Comme disait Pascal Bruckner, « la télévision n’exige du spectateur qu’un acte de courage — mais il est surhumain —, c’est de l’éteindre ». Avec la télévision, l’humain est spectateur, avec l’Internet, et particulièrement, l’avènement du Web 2.0, on nous promettait qu’il deviendrait acteur. Il a le pouvoir d’aller où bon lui semble. En fait, il n’a que le pouvoir de suivre les résultats de recherche que veut bien fournir Google ou le lien que veut bien inclure l’auteur d’un billet de blog. L’internet n’a fait que magnifier ce qu’est la réalité du quotidien d’une majorité de la population : la surconsommation vaine et inutile.

Suite la semaine prochaine…

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